Mensuel Shaarli
January, 2025
Depuis des décennies, je fais partie de ces gens qui tentent d’alerter sur les terrifiantes possibilités qu’offre l’aveuglement technologique dans lequel nous sommes plongés.
Je croyais que je devais expliquer, informer encore et encore.
Je découvre avec effroi que même ceux qui comprennent ce que je dis n’agissent pas. Voire agissent dans le sens contraire. Les électeurs de Trump, pour la plupart, savent très bien ce qui va arriver. Les artistes défendent Facebook et Spotify. Les politiciens les plus à gauche restent accrochés à X comme leur seule fenêtre sur le monde. Pourtant, ils sont prévenus !
Des chasseurs-cueilleurs à l’autopartage… depuis la nuit des temps, humanité rime avec mobilité. Mais à l’avenir, les transports seront-ils individuels ou collectifs ? La mobilité se résume-t-elle à un simple mode de déplacement ou est-elle un enjeu essentiel ?
En Europe, 85 % de l’ensemble des trajets sont aujourd’hui effectués en voiture individuelle. Or le transport routier représente la première source d’émission de CO2 dans le monde, contribuant ainsi massivement à l’aggravation du réchauffement climatique. Face à ce constat, l’essor des transports en commun et la généralisation du covoiturage semblent indispensables. Mais la mobilité collective parviendra-t-elle véritablement à s’imposer dans nos sociétés ? Comment nous déplacerons-nous dans un avenir plus ou moins proche ? Le professeur de psychologie Bertolt Meyer s’empare de ces questions avec ses deux invités : la chercheuse en géographie Henrike Rau, persuadée que les obstacles sociaux feront barrage à la mobilité collective, et la futurologue Eike Wenzel, qui assure que toutes les conditions financières et technologiques sont réunies pour ce changement.
Sobriété, réusage et DIY : la communauté du "permacomputing" applique à la tech et au jeu vidéo les principes de la permaculture. Et quand le gaming s'inspire de l'agriculture durable, ça donne de la “low tech”, et le détournement de consoles 8-bits hors d’âge pour mieux s'émanciper des géants de la tech. Avec en prime, l'envie de créer dans la contrainte au lieu de chercher l'abondance. Tracks a rencontré cette communauté d’artistes et de game designers lors d'une "permajam" européenne.
Vincent Moulinet, développeur de jeux vidéo et initiateur de l’évènement, met au coeur de ses créations la nécessité de créer des jeux moins énergivores. L’artiste Chloé Desmoineaux cherche autant à défier la binarité du code que des normes de genre dans l’industrie du numérique, iel a créé à Marseille le FLUID SPACE, un hackerspace queer et transféministe. Nikita aka AlphaRats, artiste et game designer, a quitté le milieu de la réalité virtuelle pour créer des univers visuels alternatifs plus accessibles qui s'affranchissent de l'hégémonie des gros studios aux logiques commerciales.
Étroitement liée à l’histoire du capitalisme, la voiture a révolutionné nos modes de vie et transfiguré nos paysages. Deuxième volet : après la Seconde Guerre mondiale, la voiture devient l’objet fétiche de la société d’abondance qui émerge du chaos. D’immenses chantiers sont lancés en Europe pour permettre une plus grande circulation des personnes – et des marchandises.
Les citoyens découvrent la route des vacances, le pique-nique au bord de la départementale, la mer et les stations de ski. Aux États-Unis, le phénomène prend des proportions démesurées, avec 55 000 kilomètres de routes construites en dix ans, au détriment du chemin de fer. Cette densification du réseau s’accompagne de l'édification de "malls", ces gigantesques centres commerciaux desservis par des voies express. La voiture, qui redessine les villes, inspire aussi le cinéma, entre road-movie et courses-poursuites. Mais ce symbole de liberté continue de tuer, obligeant les constructeurs à revoir les normes de sécurité, tandis qu’une grave crise énergétique se prépare…
Dans les années 1990, la trance et l’eurodance étaient pour de nombreux raveurs la parfaite incarnation d’une musique commerciale. Mais la roue tourne : les basses lourdes font place à l’euphorie et au kitsch assumé sur les dancefloors des clubs d’Europe. Avec le collectif Sachsentrance de Leipzig et le DJ producteur parisien Grand V, Tracks analyse les raisons de ce succès.
D’après Pico alias DJ Raverpic, les soirées du collectif Sachsentrance attirent rarement des gens coincés. Pico est un des cofondateurs de ce collectif originaire de Leipzig qui organise depuis quelques années des soirées d’où la techno pure et dure a disparu. Décriées par de nombreux raveurs dans les années 1990, la trance et l’eurodance reviennent en force dans les clubs d’Europe. C’est aussi le constat de Victor alias Grand V, un DJ et producteur français qui s’exporte dans toute l’Europe. “Les gens ont envie de s’amuser et de faire la fête sans prise de tête”, nous explique-t-il dans son studio parisien. “Chacun peut apporter sa touche personnelle et il en résulte une belle diversité.” Les sonorités trance et eurodance sont tendance, comme le prouve l’agenda des clubs européens. Sur les dance floors, les basses lourdes ont fait place à l’euphorie et au kitsch assumé.
Pour analyser les raisons de ce succès, Tracks plonge dans l’ambiance festive d’un club labellisé Sachsentrance et demande au collectif si ces spectacles exaltés sont malgré tout un poil sérieux. Quant à Victor, il dévoile les touches de nostalgie qu’il introduit dans ses sets. Et il emmène Tracks dans le club Trabendo qui fait se déchaîner les danseurs sur des beats de trance et d’eurodance.